Les débuts
Place à l'érable est une entreprise familiale qui produit et transforme l'eau d'érable depuis 2009. Fière d'avoir un souci de qualité élevée dans leurs produits, l'entreprise transforme elle-même ses produits de l'érable du début à la fin.
Fait inusité, l'entreprise a lancé en 2019 une distillerie dans le but d'intégrer des spiritueux à leur gamme produits! Ce projet et ces produits ont une vision commune, éviter le gaspillage et ne pas impacter l'environnement et la communauté.
Sans clin d'oeil volontaire à l'économie circulaire (qui vise à optimiser l'utilisation des ressources), il était simplement naturel pour le propriétaire, Pascal Charette, d'intégrer ces pratiques responsables et durables dans ses activités d'entreprise.
Tour d'horizon de leurs pratiques circulaires !
Local
Pour les néophytes, la concoction de spiritueux requiert l'utilisation d'un alambic, un équipement qui chauffe un liquide fermenté (si on souhaite créer de l'alcool).
Dans le cas de la Distillerie Ste-Sabine, c'est le sirop d'érable de leur propre érablière qui est utilisée. L'appareil collecte ensuite les vapeurs puis les refroidit et les condense pour obtenir le distillat (alcool entre 80% et 95%). Le distillat est ensuite dilué pour atteindre 40% d'alcool et être vendu.
Au moment de la création, l'entreprise a décidé de miser sur la fabrication locale de ses équipements de distillation.
Optimiser sa ressource principale, l'eau
La ressource principale pour la distillerie, c'est l'eau, et cette eau a un impact économique sur la communauté dû au traitement qu'elle requiert pour la distribuer et la rendre potable.
Consciente de ces enjeux, la distillerie décide d'innover pour un de ses équipements, le condenseur. Le condenseur est l'équipement qui refroidit la vapeur d'alcool pour l'amener à l'état liquide.
Or, celui-ci a été conçu pour réduire sa consommation en eau de refroidissement (60% plus économe qu'un appareil comparable), en plus d'avoir été conçu pour que celle-ci soit de qualité adéquate pour la consommation.
Ainsi, une fois la distillation terminée, la distillerie réutilise l'eau du condenseur pour diluer son distillat à 40% et l'embouteiller. L'entreprise évite donc d'envoyer l'eau de refroidissement dans le réseau municipal.
Aussi, elle réduit sa consommation en eau municipale lors de l'embouteillage. Elle peut littéralement embouteiller la totalité d'une production sans apport d'eau supplémentaire, soit 2400 bouteilles de 750ml.
Avec le souci de son impact sa communauté, la Distillerie Ste-Sabine est donc responsable dans ses opérations et contribue à optimiser l'utilisation de sa ressource, l'eau, afin d'assurer sa pérennité.
Surcyclage
Au moment d'écrire ces lignes, Pascal Charette, le propriétaire, testait la fabrication d'un sous-produit fait à partir de ses bouteilles récupérées. Avec les fonds de bouteilles de gin, des verres à cocktail sont façonnés afin de donner une seconde vie à la bouteille.
Il faut savoir que le recyclage du verre est un enjeu au Québec de par les conditions de recyclage et le peu de débouchés. Cette initiative adresse donc une problématique tout en optimisant l'utilisation du verre de bouteille déjà transformé.
Il faut savoir que dans la stratégie des 3R-V, nous retrouvons Réduire, Réutiliser, Recycler et Valoriser. Recycler une matière n'est pas dans les premiers choix, car ça demande bien plus d'énergie (transport, GES, coûts, ressources) que la réutilisation, qui profite du fait que la matière est déjà transformée.
Une transformation mineure (par rapport au recyclage qui ramène la matière à son état brut) peut souvent redonner une valeur appréciable tout en réduisant l'impact du recyclage.
Des résidus, pas si résidus que ça
Durant la distillation d'alcool, des alcools résiduelles impropres à la consommation sont produits, ce qu'on appelle dans le milieu la « tête », la « queue » et le « foreshot ».
Forts de leur niveau d'alcool élevé, ces résidus doivent être généralement disposés, mais la distillerie Sainte-Sabine s'en sert plutôt pour remplacer le désinfectant qu'elle achèterait pour nettoyer ses tubulures d'érablières!
Voyez-vous la boucle circulaire? L'eau d'érable sert à produire l'alcool, puis le résidus d'alcool sert à nettoyer les tubulures pour produire à nouveau de l'eau d'érable! Au final, l'entreprise réintroduit ses résidus et économise sur le transport et l'achat de désinfectant.
Aussi, un autre résidu de distillation est présent dans le processus, l'eau d'érable résiduelle. Après avoir été bouillie, fermentée et distillée, l'eau d'érable résiduelle dans la cuve se retrouve sans valeur supplémentaire pour la production de boisson.
Plutôt que de la déverser dans le réseau municipal, la distillerie a décidé de faire analyser ses propriétés. Coup de théatre, il s'avère que l'eau résiduelle a des propriétés fertilisantes intéressantes. La distillerie s'en sert donc pour fertiliser son érablière! Une autre boucle circulaire a été créée à l'intérieur du procédé de distillation!
Bref
La Distillerie Ste-Sabine inspire par le souci qu'elle a envers sa communauté et sa ressource principale, l'eau. Cette entreprise responsable et écoresponsable exploite ses ressources au maximum dans un souci de communauté et de respect de l'environnement. C'est dire qu'elle a tout pour être durable.